dimanche 29 mai 2011

"Un air...de masques!"

Il n'y a pas de hasard...il n'y a que des rencontres.
En 1983, j'ai rencontré Louis David Rama et ses masques.
Depuis, le masque ne m'a plus quittée...
Il a généreusement nourri au fil des années, mon travail de comédienne et d'artiste...
Chausser un masque, c'est jubilatoire, presque magique.
Il faut chasser la raison raisonnante, le mental... sentir le masque de l'intérieur... humer, écarquiller les pores de sa peau, démultiplier ses sens en quête d'informations sur cette nouvelle chair...
Pour trouver son personnage, on transpire, on dégouline, on sent, on s'oublie, on se (re)trouve...
C'est animal, c'est physique et intime à la fois. Privé des expressions du visage, le corps entier traduit les émotions, les intentions, les sentiments.
Vérité, authenticité, justesse...
Le masque nous prive de l'artifice de la fausse spontanéité; il permet la chorégraphie des corps dans l'espace, une emphase du geste qui sans lui, semblerait excessive, caricaturale...
Le masque nous apprend à donner sans limites, hormis celle de nos propres forces...
Pour moi, il est une école de la vie.
Ma plus belle histoire d'amour...

Joëlle
Tanger
28/05

vendredi 27 mai 2011

Résidence au "HEM Actor's Studio"!

Théâtre et Management Route de Malabata

Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger, Fes... quelques unes des villes qui seront l'automne prochain, sur la route de la tournée de la compagnie "Pompes & Macadam" et sa drôle de "famille" à l'air si singulier!... Le hasard faisant bien les choses, ces villes correspondent aux implantations des campus du réseau des Instituts des Hautes Etudes en Management, HEM. Ce n'est de fait pas un hasard si le campus de Tanger a accueilli la troupe pour sa première résidence de répétitions du 16 au 26 mai: la ville du Détroit sera notre première étape!

Hem, campus de Tanger
 C'est dans l'auditorium du bâtiment que toute l'équipe s'est installée, chaque jour de 9h00 à 17h00, pour travailler sans relâche sur le texte, investir les personnages, ébaucher les actions et déplacements.
Le lieu s'y prêtait, de la table à la scène.

La rencontre entre Management et théâtre n'est ni nouvelle, ni une surprise: depuis sa création, le réseau HEM a ménagé dans ses cursus des activités de développement personnel. Ainsi chaque campus a-t-il son "Atelier Théâtre". Lors d'un prochain passage, les étudiants du campus de Tanger pourront suivre une répétition de la pièce "Un air de famille" et la comédienne Joëlle Richetta, professeure de Théâtre à Avignon fera une présentation de masques.

Ci-dessous, toute la troupe avec l'équipe de direction du campus de Tanger, 2e et 5e en partant de la gauche, Mouna Bendahou, directrice, et Mouna Lebbadi, directrice adjointe.
                                    Travailler sans relâche...pas tout à fait, grâce à la pause déjeuner plutôt "rafraîchissante", à quelques pas de la piscine HEM


jeudi 26 mai 2011

Dernier jour de la première résidence...

Comme si la météo était liée a l'humeur ou l'inverse...ce matin le ciel est morose tout comme moi...

Pourtant notre dîner hier soir sur la belle terrasse des Passagers de Tanger donnant sur le grand Socco a été du pur bonheur...
Enfin le temps de parler, de partager et bien sûr de rire !

La présence de Bouchra, de Messaoud et d'Anas émouvant les coeurs des marocains présents me permit de faire plaisir a Nourredine, serveur des Passagers, fan de nos comédiens marocains et encore plus souriant qu'à l'accoutumée - ce que je ne croyais possible.

Belle soirée, beaux partages...

De retour dans l'amphithéâtre d'HEM, nous reprenons sans Hervé, parti raccompagner Alain, dit "le boiteux" à l'aéroport. En effet, notre cher cameraman s'est foulé la cheville -voire plus- dans les escaliers d'HEM hier. Il est reparti clopin clopan ce matin, que ce soit dans le corps ou dans l'âme...
Et oui, ça sent la fin !
Ce soir en effet, les rabatis et casaouis rentrent chez eux...
Et nous retournerons dans nos vies...

Donc ce matin, nous tentons de finir le premier acte. La fatigue semble avoir été apprivoisée par presque tout le monde.. Ou alors l'envie de profiter de ces derniers moments nous motive...

Moi, je suis un peu ailleurs, entre la prise de recul et le rêve.. Je les regarde sans les voir, et comme si je les voyais tous pour la première fois... Le rire de Joëlle regardant Messaoud et Anas me berce et m'enivre...

Je me réjouis de savoir que ce soir elle m'accompagne voir les jeunes de "mémoires d'avenir" pour leur présenter "ses masques".... Cette rencontre va être magnifique et l'échange je l'espère mutuel, profond et généreux.

Je regarde mes compagnons, je m'en imprègne et essaie de les tatouer dans ma mémoire, en souhaitant que le texte ne soit pas la seule chose dont je me rappelle lorsqu'ils seront partis...

Merci Hervé pour ce cadeau.
Merci Messaoud pour la confiance et tout le reste. Maalem diali.

Merci à vous tous pour les moments partagés, la patience et les fous-rires !

mercredi 25 mai 2011

Quatre femmes, cinq hommes et quelques répliques…

Vous imaginez bien que réunir une troupe de comédiens et d’artistes des deux rives de la Méditerranée et d’horizons personnels et artistiques divers, n’a pas été une mince affaire. Quelques mois de contacts, d’allers-retours, d’innombrables échanges de courriels, de conversations téléphoniques,etc.... Et autant bien sûr d’interrogations…Seront-ils tous là au rendez-vous du premier cycle de répétitions ? S’entendront-ils ? Le casting tiendra-t-il la route ? Bref, de nuits blanches en nuits blanches vous pouvez tout aussi bien imaginer le soulagement quand enfin les réponses sont là.

Surtout quand elles sont positives…


JOËLLE, LA DAME D’AVIGNON
Directrice de compagnie dans la cité des Papes, comédienne, créatrice et costumière, Joëlle a tout joué puisqu’elle peut tout jouer… Mais elle a son péché-mignon : le masque. Masque de caractère évidemment car elle n’en manque pas. Joëlle-Zanni, Capitan ou Pantalone, pour entrer dans le monde de la commedia dell’arte…et du rire ! Dans le monde de la générosité aussi, toujours prompte à inventer des évènements et des rencontres sur le thème du rapprochement des cultures et établir des passerelles entre les univers culturels. Dernière initiative en date : une « Nuit des printemps arabes » pendant le prochain festival d’Avignon. Joëlle chante Barbara et Piaf ; elle aime les frites –peut-être trop. Mais attention, elle peut être sectaire : Joëlle préfère la Méditerranée à l’Atlantique…
« La mère : Je ne sais pas ce que j'ai, j'ai l'impression que je ne le digère pas, ce tajine... »

BOUCHRA, LE SOURIRE DE LA CORNICHE 
Ici sur scène, là derrière la caméra si ce n’est pas devant, le reste du temps Bouchra le passe à son clavier pour l’écriture d’un scénario ou de sa chronique hebdomadaire pour la presse. Ses « Oranges amères » primées en 2007 l’avaient éloignée par la suite des planches mais la rencontre avec l’attachant et enivré personnage de Soumia, l’a convaincue de revenir sur scène. Elle y revient donc, à la rentrée en tant que comédienne mais auparavant en qualité de jury au Festival national de Théâtre professionnel de Meknès. Bouchra aime la corniche –sa corniche, le soleil, la salade, les olives - beaucoup les olives et Roméo, son chien, ce qui ne veut pas dire tous les chiens !
« Soumia : Ce chien, là, hadelkelb hada, il chantait ? »

ANNA, LA TANGEROISE DES COULISSES Dans un autre pays, un autre temps, Anna s’occupait d’humanitaire et s’essayait à l’improvisation théâtrale. Deux fibres sensibles et généreuses qui ne l’ont pas quittée de ce côté-ci de la Méditerranée. Présence maternelle bienveillante et occasionnelle auprès des jeunes de la troupe de la coopérative culturelle « Mémoire d’avenir », Anna était cette année l’insolente étudiante de «L’éducation de Rita», aux côtés de Philippe Lorin, de la «Comédie de Tanger». Mais la majeure partie de son temps Anna la consacre à sa famille, la vraie et à son réseau social tangérois, http://www.lescoulissesdetanger.com/ . Anna aime jouer, chanter, danser,(fou)rire… et parfois râler !
« Betty : La prochaine fois je viendrai en jupette ! »

ALEXIS, LE BEDAOUI DE LA BD
Comédien et metteur en scène à Casa, Alexis est au quotidien graphiste, illustrateur, dessinateur. Avec son petit bouc vertical qui lui barre le menton et son petit bibi style bob, il a le physique d’un héros de bande dessinée et comme probablement tout le temps et partout ailleurs, il passe son temps dans sa bulle, à croquer la vie et les autres, crayon à la main et cahier de dessin ouvert. Blogueur blagueur, Alexis n’est pas avare de bons mots…quoique… Il est même capable de vous chanter tout le répertoire de Bobby Lapointe pendant tout un déjeuner. Enfin si vous ne le trouvez pas à HEM, suivez le fil du cerf-volant rouge sur la plage de la baie, il devrait être au bout !
« Philippe : Tout le monde dit que j’ai bafouillé… «

ANAS, L’ASTRE DE CHEFCHAOUEN
Le philosophe de la troupe, à la fois lunaire et solaire…ou autrement formulé astral et théâtral, capable de vous fixer une demi-heure sans bouger un cil, avec un regard d’ange… ou de tueur. Anas a quitté sa ville bleue pour parcourir le monde du théâtre et de ses innombrables mythes, mais n’oublie jamais de venir se ressourcer sur sa terre natale pour se replonger en pleine méditation. Il redescend de ses montagnes plus lumineux que jamais, après avoir regroupé comme il dit ses « multiples moi ». Matin, midi, soir, il vous parle «paix du corps », « sérénité de l’âme », « rôle du Divin »…Quant à la nuit, motus et bouche cousue, elle lui appartient ! Mais comme le dit Alexis : « Il vaut toujours mieux avoir Anas dans son jeu… ». Un conseil : si vous le croisez, assurez-vous qu’il est bien réllement là, devant vous car Anas a une extra-ordinaire faculté d’abstraction…
« Mehdi : C’est décoratif, c’est comme un tapis mais vivant ! »

MESSAOUD, LE STANISLAVSKI DU BOU REGREG
« Peu importe que le jeu soit bon ou mauvais, ce qui importe c’est qu’il soit vrai »…Cette vision du théâtre, Messaoud l’a faite sienne et dicte tout son travail dans l’auditorium du «HEM Actor’s Studio» ! Pas surprenante donc cette référence permanente à Tchékov…Un air de famille ou un air de mouette, au fond…Casquette vissée sur la tête, grande vareuse kaki, sourire en coin, Messaoud mène son monde à la baguette, élégamment directif, tantôt complètement présent à vous suivre des yeux, à corriger le moindre geste, tantôt complètement absent, comme ensommeillé, évidemment en apparence seulement… quoique…parfois… Et parfois justement il indique si bien ce qu’il attend des comédiens qu’il pourrait jouer tous les rôles...à tour de rôle!  « Un air de famille au Maroc », un one-Messaoud-show ! Quoiqu’il en soit, ses mises en scène ont généralement marqué les esprits. On verra ce qu’en pensera le jury du Festival national professionnel de Théâtre de Meknès où sa dernière production est en compétition…
« Messaoud : Pause ! » (là, la cigarette n’est pas très loin…)
.
BADRIA, LE COUP DE PATTE D’ASSILAH
Elle est en quelque sorte le rayon de soleil de la troupe : «toujours de bonne humeur, jamais une plainte», mais à la différence du Caruso de la pièce, elle s’affaire partout et tout le temps. Toujours là à crayonner, esquisser, gommer sur une feuille volante, du papier kraft, un emballage, bref sur le moindre bout de papier qui passe, même gras, mais surtout bien sûr sur son grand cahier de « chef décoratrice ». Badria a en effet la lourde tâche de matérialiser notre univers, inventer le décor de ce fameux « Assalam-Bienvenue » , ce café-restaurant franco-marocain, entre Grand Socco et médina, qu’elle voudrait si kitsch…Et puis créer aussi nos costumes. Et quand parfois elle pouffe de rire dans son coin, nous nous craignons le pire pour nos tenues de scène ! De toute façon, taquine et facétieuse, Badria passe son temps à pouffer de rire, à citer des proverbes et, elle aussi, à manger des olives…nos olives !
« Badria : Rira bien qui rira le dernier ! »

ALAIN, L’HOMME-CAMERA
Il ne joue pas, mais bouge tout le temps ; il ne met pas en scène mais ne cesse de mettre en boîte…Et pas que du film ! Alain, le temps d’une résidence à Tanger, président de la compagnie «Pompes, Macadam et Caméra » !... Il filme donc, prend des photos…et répond au téléphone, « des téléphones, il en a partout ; il adore téléphoner ! ». Et s’il téléphone, c’est qu’il adore parler: au bout d’une semaine il savait tout de la vie de chacun (ou presque !). Et au bout de deux semaines, le voici à son tour gagné par le virus. Ou plutôt, les virus : la mise en scène, la comédie, les thés à la menthe, les pageots grillés et les cornes de gazelle…Parce que Alain a une qualité première : il positive ! Ce que ne l’empêche pas de rester secret. S’il peut tout vous révéler, avec gourmandise, (si, si, c’est possible !) du monde de la chaussure (« Pompes »), il demeure discret sur ses autres talents. L’homme-caméra ne vous dit pas tout. Et pourtant lui aussi est un artiste, un vrai. Peintre et magicien !.
« Alain : C’est magnifique ! »

Hervé
Tanger, 24/05/2011

On reprend !

Voilà !
Il est 12h58 et depuis 9 h je répète les mêmes choses, je refais les mêmes gestes...
Faut que ça rentre !
Et quand c'est pas moi qui oublie c'est mon partenaire ... Les répliques, les gestes, les positions sur scene ... Et on recommence, on reprend, on répète ... Faut que ça rentre ...
Y'a bien un moment où ça va plus rentrer non ?
Mon café, mon verre, mon bras, les regards ... Je me lève, jà pars au fond, je reviens, je me rassois... Je suis en colère ... Oui mais bon, ça fait deux heures que je suis en colère là !! J'en ai marre ! Si ça continue, je vais finir par être en colère de jouer la femme en colère !..
Pause déjeuner ....
Ouf !
"Tu viens ? On va manger ?!"
"Allez y, je vous rejoins... Faut que je me calme avant, parce que là... Je suis en colère !!!"

AGR

mardi 24 mai 2011

Lundi... (soupir)

Je pensais qu'après un jour de repos, je serai au top de ma forme .. et bien non... Je suis même dans un état pire que samedi ! J'en peux plus .... Père dodu !!!
Nous reprenons donc le chemin d'HEM qui nous accueille depuis une semaine déjà... Le matin je ricane un peu voyant mon ami et néanmoins frère dans la pièce, Philippe, être à la merci de Messaoud dès les premières minutes de la matinée...
Je fus punie plus que de raison en passant entre ses mains de 13h30 à 17h30 !
Quel serait le mot ? Lessivée ? Lasse ? Rincée ? Epuisée ? Bref, je suis rentrée sur les genoux... Et ma famille ne vous en remercie pas ! Au lit à 20h30, je n'étais pas belle à voir...
Ce matin, je ne sais pas si notre cher et tendre metteur en scène a senti ma non efficacité potentielle mais je ne fut que peu mise à contribution, ce qui m'a permis je l'avoue de fermer les yeux quelques minutes avant le repas...
L'après midi ne fut pas intense mais je l'ai pourtant trouvée longue... désormais il nous faut puiser bien au fond, et avoir le texte en bouche.. Pas facile... retenir les déplacements, les répliques, les intonations, les intentions....

Bref, faut y aller quoi !!!
Bon sur ce, je vais me coucher !

AGR

Vu de "l'extérieur..."

Aujourd’hui lundi 23mai.

Le début de notre projet Franco/Marocain à commencé depuis ….Le temps passe si vite, que je dois recompter plusieurs fois sur mes doigts.
Eh oui, déjà 7  jours de répétition au rythme de 7 heures par jour.
J’ai oublié depuis longtemps, que lundi dernier je faisais connaissance avec toute la troupe, excepté Hervé, qui fait partie du bureau de Pompes & Macadam. 

L’équipe est constituée côté marocain, d’une comédienne et d’un comédien, un metteur en scène et une scénographe. Côté français : 2 comédiens résidant au Maroc et 2 autres en France.

Les répétitions s’effectuent  à Tanger, dans l’auditorium d’HEM (Hautes études en management) gracieusement prêté.
Pendant 2 jours autour d’une table, le travail à consisté à répéter sans relâche la lecture du texte.

Dés le 3eme jour, tout ce petit monde a eu envie de sortir de ce face à face, de quitter sa chaise, pour commencer à se  mettre en situation.
La bi-culturalité des comédiens, qui travaillent tous sans retenue, avec une envie commune et un véritable désir de donner aux autres, ont rapidement commencés à prendre « un air de famille ».
Cette générosité dégage une énorme bouffée d’énergie  que Messaoud, le metteur en scène, véritable chef d’orchestre, a commencé par petites touches à canaliser.

Dans la pièce, cette famille Mesnard se retrouve comme tous les vendredis pour partager le dîner et en plus aujourd’hui, fêter un anniversaire. Le passé omniprésent fait ressurgir une avalanche de non-dit. Egoïsme, préférences, jalousies, comparaisons, provocations fusent de tous cotés. Cette famille ne cesse de s’écorcher, se « tirailler », se déchirer et surtout de ne pas s’écouter.
Notre groupe est loin de ces tensions familiales, tout au contraire. Souvent les fous rires éclatent. La bonne humeur règne en permanence. Nous avons même droit parfois pendant les pauses à un petit concert. Joëlle nous chante Barbara, Alexis du Bobby la pointe et Anas les chants traditionnels. Le «ciment » a prit et d’une belle manière. Le résultat après une semaine ne sait pas fait attendre. Il est spectaculaire et inattendu dans un aussi court délai.

Badria, la scénographe au sourire épanoui, observe, écoute les comédiens et le metteur en scène, tout en crayonnant toute la journée sur du papier kraft.
Sous son crayon, les décors et costumes commencent à prendre vie.

Malgré la fatigue, après les répétitions, Anna-Gael et Alexis ont créé spontanément le blog « d’un air de famille Maroc ».
Et moi, je filme et photographie tous les jours les séances de travail. Avec les jours qui passent,  je pense m’être fondu dans le paysage, devenu en quelque sorte transparent pour ne pas déranger les comédiens.
C’est du pur bonheur pour moi, que de vivre au travers du viseur cet engagement, ce don de soi que livre chaque comédien.
Je respire à pleins poumons leur souffle artistique, et vis avec ravissement cette très belle aventure humaine.

Alain.

Pauses

De l'avis des comédiens, un des meilleurs moments, c'est celui, toujours impromptu, quand Messaoud, notre metteur en scène vénéré proclame : "pause" !
Généralement à la surprise générale.

Alexis

Midi à la cafeteria de HEM

Où sont mes frites ?

samedi 21 mai 2011

Scéno

J'ai rêvé du restaurant de la famille Mesnard, j'essaie de capter les images et de les transmettre sur papier, l'image n'est pas tout à fait claire dans ma tête, ça m'échappe encore mais il y a un bar ou précisément un comptoir... Une drôle d'ambiance au niveau des couleurs et des matériaux : des couleurs dépassées par le temps mais cohérentes par rapport à l'espace ...
Je pense qu'il y a une grande table, des chaises, des colonnes...?! ça m'échappe encore... Non je me souviens... Je n'arrive pas à le dire mais je dois le mettre sur papier... On verra...



vendredi 20 mai 2011

Tanger - mai 2011 - Jour 5

Journée particulière que celle du vendredi.. couscous et jour de prière...
De retour dans notre amphithéâtre, nous ne nous en sommes que peu rendu compte et mis au travail de suite.. de suite, de suite.. je vois bien que chaque jour j'arrive un peu plus tard pour chercher mes acolytes, et que chaque jour ils sortent un peu plus tard de l'hôtel... si si !
Journée en pointillés.. la fatigue commence à se faire sentir je crois...

Badria, aujourd'hui s'est isolée pour nous regarder de plus loin, prendre du recul... dessiner et esquisser toujours mais en nous jetant un coup d'oeil de temps à autres, en venant prendre des photos parfois...

Alain quant à lui va sans doute avoir des courbatures, ayant passé sa journée les bras en l'air pour tenter de filmer les meilleurs moments de notre travail, à savoir quasiment toute la journée !!

Journée en profondeur pour certains d'entre nous... il a fallu creuser pour trouver parfois ce qui était bien au fond, caché, ancré.
Travail sur le rythme aussi, afin de ne pas nous appesantir dans la recherche des sentiments ou des seconds degrés.

La réflexion prédominante du jour c'est que lorsque je vois Messaoud se mettre à notre place, nous diriger en nous montrant le personnage, il l'incarne vraiment... et magnifiquement bien. Il peut se transformer en Mehdi puis en Betty en deux centièmes de secondes... passer de l'énervement de Philippe à la douceur de Soumia sans sourciller... je me demande alors s'il faut être bon acteur pour mettre bien en scène les gens...

Quoi qu'il en soit, je suis fatiguée ce soir, car le travail s'intensifie et se complexifie chaque jour, à chaque lecture. Je vois que mes camarades aussi perdent de leur énergie initiale pour entrer dans un monde plus intense, plus dense... mais la motivation est là et nous rassemble, l'objectif est commun et nous lie, et plus nous avançons, plus nous avons envie de voir où tout cela va nous mener...

Mènera bien qui mènera le dernier....

AGR

jeudi 19 mai 2011

Tanger - mai 2011 - Jour 3 et 4

D'autres lectures et d'autres ressentis, de nouvelles rencontres avec nos personnages... nous les percevons, ressentons, parfois nous ne les comprenons pas... mais nous essayons, prudemment, à tâtons, ou plus brutalement sans vraiment comprendre.
Ce qui me frappe, c'est que nos espace s'ouvre. Nous travaillons toujours à table mais plus seulement assis. Nous nous touchons, nous retenons, amorçons des départs, des arrivées sur scène. Nous nous regardons. Nos personnages entrent en contact, réellement.
Le texte commence à nous entrer en tête, plus facilement pour ceux dont le français est la langue maternelle forcément, mais personne de toute façon ne lâche ce texte ; celui que nous cherchons à apprivoiser, qui semble être la clef de la compréhension de ce qui se passe dans les mots, dans la pièce.
Les textes, comme leurs propriétaires commencent à être marqués de la trace de chacun : notes, dessins, rajouts, pliures, taches.. Toujours avec nous, ils vivent eux aussi et commencent à vieillir, à mûrir.. comme nous.
Anas (Mehdi) nous émerveille et nous fait rire.. Joëlle (la mère) nous amène dans d'autres mondes, et nous emmène dans son élan théâtral. Hervé (Henri) nous fait oublier qu'il n'est pas Henri et que notre empathie pour lui n'est qu'éphémère. Bouchra (Soumia) nous fait sourire et se dévoile. Alexis nous fait parfois oublier qu'il n'est pas Philippe et qu'il est sain d'esprit et amical.

Quant à moi, et bien je me demande ce qui va bien pouvoir encore se passer, chaque journée étant "pire" que la veille : en découverte, en profondeur, en amitié, en tension, en ressentis et bien sûr en fatigue.
Allez, demain, "j'y vais en jupette moi !"

AGR

Tanger - mai 2011 - Jour 2

De retour à l'auditorium, l'instinct nous conduit aux mêmes places autour de la table pour la plupart...

Nous reprenons la lecture. La veille, nous en avions fait deux : une première assez neutre et la seconde amplifiée dans les relations et les situations créées. Aujourd'hui, nous allons aller dans l'action et les sentiments, découvrir ce que nos personnages vont endurer, partager, oser, rater, dévoiler...
Ce n'est que succession de vagues, venant et repartant, plus ou moins fortes, plus ou moins puissantes, entrainantes ; nous laissant parfois en pleine mer de refléxion et de pensées, ou sur la plage, harassés mais heureux.

Le travail est profond, les tentatives nombreuses ; les explications et les métaphores de Messaoud nous amènent à changer, modifier, approfondir... il nous faut ralentir, accentuer, comprendre, céder, expliquer, nous dévoiler, oser ... Les essais sont parfois fructueux, nous laissant heureux et pensifs et parfois stériles, apportant son lot de solitude et de doute. Personne n'est mis à l'écart et l'avis de chacun est écouté, aucun ne prévalant sur l'autre... Et Messaoud continue de conduire sa barque, avançant, revenant, lofant ou abattant suivant le vent de ses pensées, de nos possibilités, de notre énergie et de la force que le groupe déjà créé génère. Les fous-rires sont nombreux, nés de lapsus ou personnages joués avec tant de vérité qu'ils nous désarçonnent : ils nous sont bénéfiques, relâchant la tension liée au travail et nous liant dans la joie et les pleurs (de rire).

Les pauses bien que nombreuses sont brèves, ne nous laissant pas le temps de revenir dans notre monde, dans notre vie...
Les amitiés naissent et évoluent, liées ou non à nos personnages dans la pièce. On s'apprivoise. On se jauge. On essaie de partager plus que ce qui se trame lors des séances de travail.
Chacun trouve ses marques et sa manière de gérer ce qui se passe : on dessine, on apprend un peu de texte, on change de position sur sa chaise, on se lève, on participe ou on écoute... des choses se passent, la création est là...
Messaoud semble nous guider tout en nous donnant les rênes. De mon point de vue, il arrive à m'amener là où il veut mais en s'appuyant sur ma propre volonté, mon envie, et finalement c'est moi qui décide d'aller où il veut..
Pas déplaisant, étrange, parfois inconfortable mais jamais vraiment déstabilisant.
Les autres sont là, ils vivent cela en même temps que nous (ceux travaillant sur le moment leur scène), on les sent dans la même respiration, la même recherche, en soutien, en équilibre. Je ne tomberai pas, ils sont là.

Et puis il y a Badria, qui elle aussi construit en même temps que nous, en parallèle : la création est globale et nous partons tous du même point pour arriver au même but. Badria, la scénographe griffonne, esquisse (des décors, des costumes), note bien-sûr mais elle est aussi à l'écoute. A droite de Messaoud, elle trouve parfois les mots qui lui manque, précise, détaille, image ses propos... et surtout sourit... Badria nous sourit et me dit par son sourire que tout va bien se passer. Que nous sommes tous ensemble et que ce nous faisons est beau.
Badria me sourit, et je sais que tout va bien.

AGR

Première résidence de répétitions - Tanger - mai 2011 - jour 1

Nous nous sommes rencontrés la veille, au cours d'un dîner dans le restaurant d'un hôtel sur la corniche de Tanger et le petit matin ainsi le fait que ce soit lundi, n'assombrissent absolument pas le sentiment d'excitation, d'énervement, de titillement qui nous anime tous.
Nous nous rejoignons dans l'auditorium d'une grande école de management de Tanger ; bel endroit vaste, neuf et presque chaleureux pour un endroit tel que celui là, censé accueillir colloques, conférences, rencontres ou tables rondes.

Nous nous asseyons autour d'une grande table recouverte d'un tissu bleu électrique et posons chacun un texte, notre texte devant nous : comédiens, metteur en scène et scénographe. Toute la journée, tournera autour de nous Alain, sorte de régisseur, ange gardien, chargé des relations publiques, photographe, et caméraman qu'il nous faudra apprendre à ignorer dès le début ; sa danse tournoyante et les cliquetis de son appareil nous enveloppant. Les premiers regards sont chaleureux, les premiers sourires fébriles mais très francs : Hervé, l'initiateur du projet prend tout de suite la parole pour donner les quelques consignes de la résidence qui durera 11 jours et pour passer la main très vite à Messaoud, le metteur en scène. Ce dernier nous apprivoisera dès les premières lectures et n'aura de cesse de nous guider en nous laissant nous dévoiler. Guide ferme et pourtant libéral, il saura nous amener au fur et à mesure des lectures, dans les entrailles de cette pièce, de ce huit clos familial. La première lecture est légère et profonde à la fois : nous cherchons nos places, nos personnages, leurs relations avec les autres, les intimités et les conflits, les apparences et les sous-entendus, le moment vécu au travers du passé, de l'histoire déjà vécue de ses personnages.

Nous nous quittons le soir, inspirés, heureux pour certains, circonspects et tendus pour d'autres... prêts quoi qu'il en soit à revenir le lendemain pour voir ce qui se passera..

AGR